Glaucome et syndrome d’apnées du sommeil

par | 12 Oct 2014 | Thématiques

Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) a été associé à différentes pathologies oculaires :

  • Du segment antérieur de l’œil : hyperlaxité palpébrale (floppy eyelid), ptosis, prolapsus de la glande lacrymale principale, syndrome sec oculaire, kératite ponctuée superficielle, ulcère de cornée, kératocône.
  • Rétiniennes : chorio-rétinite séreuse centrale, occlusion veineuse rétinienne.
  • Du nerf optique et de la couche des fibres optiques : glaucome primitif à angle ouvert, glaucome à pression normale, neuropathie optique ischémique antérieure aigue, œdème papillaire idiopathique, déficits non glaucomateux du champ visuel, réduction de l’épaisseur de la couche des fibres optiques.

Si certaines associations sont systématiquement retrouvées et probablement formellement établies (association entre SAS et neuropathie optique ischémique antérieure aigue ou association entre SAS et floppy eyelid), l’association entre SAS et risque accru de développer un glaucome n’est pas toujours retrouvée et reste controversée, les études épidémiologiques n’étant pas unanimes. La plupart des études réalisées ayant retrouvé un lien entre SAS et glaucome sont de petites séries de cas dans lesquelles un dépistage du glaucome a été réalisé chez un nombre restreint de patients présentant un syndrome d’apnées du sommeil. La moitié de ces études ne comprenaient de plus pas de groupe contrôle, empêchant d’estimer si le SAS est un facteur de risque de glaucome. Enfin, dans certaines de ces études, le diagnostic de SAS était uniquement basé sur des symptômes rapportés par les patients, sans étude objective du sommeil (polysomonographie, polygraphie).

A contrario, trois études cas-contrôles réalisées à partir de bases de données permettant d’inclure un grand nombre de sujets SAS et de contrôles n’ont – en analyse multivariée permettant de prendre en compte d’éventuels facteurs confondants (âge, origine ethnique, caractéristiques cardio-vasculaires, etc.) – pas retrouvées de risque accru de GPAO en cas de SAS.

Etude Nombre de sujets Pathologie Prévalence Commentaires
Aptel et al.

2013

6 754

2 826

SAS

Contrôles

3,55% GPAO

3,14% GPAO

En analyse multivariée : pas de risque accru de GPAO en cas de SAS

 

Stein et al. 2011 156 336

2 102 725

SAS

Contrôles

Incidence GPAO sur une période de 6 ans

0,94% SAS sans PPC

0,83% SAS avec PPC

0.93% pas de SAS

En analyse multivariée : pas de risque accru de GPAO ou GPN en cas de SAS

 

Blumen-Ohana et al.

2010

31 GPAO avec ronflements 49% SAS
Bendel et al.

2007

100 SAS 27% de GPAO ou GPN
Sergi et al.

2007

51

 

SAS

 

5,9% de GPAO
Girkin et al.

2006

667

6667

GPAO

Contrôles

1.1% SAS

0.5% SAS

Large étude cas-contrôle : pas de lien significatif
Tsang et al.

2006

41

35

SAS

Contrôles

NA Incidence plus élevée des anomalies du champ visuel et de la papille dans le groupe SAS
Geyer et al.

2003

228 SAS 2% GPAO
Mojon et al.

2002

16 GPN 44% SAS
Marcus et al.

2001

23

 

14

 

30

GPN

 

Suspects de GPN

 

Contrôles

57% troubles sommeils

43% troubles sommeils

3% troubles sommeils

Mojon et al.

2000

30 GPAO 20% SAS
Onen et al.

2000

212

218

GPAO

Contrôles

47.6% ronflements

38% ronflements

Mojon et al.

1999

69 GPAO 7.2% SAS

Prévalence du glaucome chez les sujets atteints de syndrome d’apnées du sommeil. En gras : trois larges études cas-contrôles ayant étudié en analyse multivariée l’influence d’un syndrome d’apnées du sommeil sur le risque de glaucome.

Conséquences cliniques : Les larges études ayant intégré le rôle de potentiels facteurs confondants n’ont pas démontré de risque largement et/ou significativement accru de glaucome ou de glaucome à pression normale chez les sujets atteints de syndrome d’apnées du sommeil. Si il convient de rester attentif aux signes cliniques évocateurs de SAS chez un patient glaucomateux (ronflement, somnolence diurne) et dans ce cas demander un enregistrement du sommeil, et de façon similaire rester attentifs aux facteurs de risques de glaucome chez un sujet ayant un SAS (hypertonie oculaire, antécédents familiaux de glaucome), il n’est sans doute pas nécessaire de réaliser des examens ophtalmologiques de dépistage du glaucome systématiquement chez tout sujet